Le Nutri-Score : forces et faiblesses

L’équipe d’Ocebio a participé le 30 juin dernier à la journée « Le scoring alimentaire, un potentiel pour innover », organisée par Ad’Occ à Toulouse, l’occasion d’en apprendre plus sur le fonctionnement et les actualités des démarches de scoring nutritionnel des produits alimentaires.

Contexte de mise en place

Le Nutri-Score est une démarche de scoring nutritionnel née en 2017 dans le cadre d’une évolution réglementaire imposant aux fabricants de produits alimentaires de faciliter la compréhension des informations nutritionnelles pour les consommateurs. Cet affichage nutritionnel a été conçu dans un objectif de santé publique, pour prévenir les consommateurs des risques cardio-vasculaires, d’obésité et de diabète. Le Nutri-Score est très apprécié et demandé par la grande distribution.

Fonctionnement

Le Nutriscore est un symbole simplifié affichant 5 couleurs / 5 lettres définissant la qualité nutritionnelle des produits. Le calcul prend en compte les nutriments et aliments à éliminer (énergie, sucres, acides gras saturés, sel), et les nutriments à favoriser (fruits, légumes, légumineuses, fruits à coque, huile de colza, de noix, d’olive, fibres, protéines). Le calcul est simple, et peut se faire directement à partir de la liste des ingrédients composant un produit alimentaire.

Le Nutri-Score : forces et faiblesses 1

Bénéfices et limites

Le Nutri-Score est intéressant car il se base sur des données mesurables et indiscutables. Le choix des sous-composantes de l’indicateur est toutefois questionné par certains acteurs, car le mode de calcul actuel écarte complètement la question des additifs, et la présence des minéraux dans les produits.

Tel que calculé aujourd’hui, cet indicateur permet d’éclairer les consommateurs sur des produits de même gamme. En revanche, il présente des limites pour comparer des produits trop éloignés les uns des autres.

Malgré tout, le Nutri-Score peut être un réel vecteur de changement et d’innovation, car il peut inciter les entreprises ayant des produits mal notés à revoir leurs reformulations pour améliorer leur notation.

En revanche, le Nutri-Score pénalise grandement les produits issus des AOC / AOP, souvent riches et gourmandes, qui se voient imposer des règles de formulation via les cahiers des charges, et n’ont pas de levier d’action pour améliorer leurs scores nutritionnels souvent mal notés.

D’après les suivis IRI, le Nutri-Score a un réel impact auprès des consommateurs. Les distributeurs observent en effet des évolutions des ventes en lien avec cet indicateur nutritionnel. Il y a donc un enjeu réel à consolider le mode de calcul du Nutri-Score pour donner des informations les plus claires possibles aux consommateurs.

Conditions d’utilisation

L’affichage du Nutri-Score sur les produits alimentaires est une démarche gratuite et volontaire dont les fabricants peuvent s’auto-saisir en calculant directement leur Nutri-Score en ligne, après enregistrement sur l’une des plateformes suivantes :

  • Pour les marques commercialisées exclusivement sur le territoire français
  • Pour les marques distribuées dans plusieurs pays

Le RMT Nutri-Previus propose par ailleurs un outil en ligne pour simuler l’impact des reformulations de produits sur le Nutri-Score :

Des entreprises bio régionales témoignent…

Insatisfaits par le Nutri-Score, le réseau Biocoop adopte le label privé SIGA…

Face aux limites du Nutri-Score, Biocoop a travaillé pendant deux ans et demi au déploiement du label SIGA sur l’ensemble des produits de leur marque. Le SIGA discrimine les produits selon leur degré de transformation, l’intégration de matières premières brutes, la présence de substances établies comme à risque, et des seuils nutritionnels discriminant des aliments défavorables (trop gras, trop sucrés, trop salés…). Biocoop a par ailleurs travaillé à la reformulation de plusieurs de ses produits qui présentaient un score SIGA défavorable avec trop de marqueurs d’ultra-transformation.

Yummy Twice et Arterris créent des produits bio intégrant directement des objectifs de scoring nutritionnel…

Yummy Twice est une jeune entreprise investie dans l’économie circulaire de la filière brassicole bio régionale. La société produit aujourd’hui des crackers apéritifs bio à base de drèches issues de la brasserie. La coopérative Arterris a quant à elle créé la gamme bio « Mon Bon Bio ». Les deux sociétés ont chacune intégré dès le début dans les cahiers des charges l’objectif d’afficher un score nutritionnel favorable.

–> Pour en savoir plus, consultez le site de Santé Publique France